une trentaine de producteurs et productrices rangent avec soin les seaux, les bidons, les mortiers, les gants,etc…. Ces outils, soigneusement attachés sur leurs motos pour la plupart symbolisent un tournant décisif : celui d’une agriculture libérée des produits chimiques de synthèse. Grâce à l’appui de l’Association Promo Monde Rural (APMR), ces hommes et femmes quittent une formation avec plus qu’un savoir-faire et des matériels offerts gratuitement ; ils repartent avec une vision.

Du 21 au 23 mai, ces producteurs relais, venus de différents groupements agricoles de la zone, ont pris part à une session de formation pratique sur la fabrication de biopesticides, des alternatives naturelles aux intrants chimiques. Une initiative qui s’inscrit dans la mission que poursuit APMR depuis plusieurs années : promouvoir une agriculture agroécologique et respectueuse de l’environnement.

Une formation née d’un constat alarmant

« L’idée est née d’un simple mais inquiétant constat : l’usage croissant des pesticides chimiques et leurs effets néfastes sur les sols, la santé humaine et animale », explique Sylvie BONKOUNGOU, formatrice principale. « Ces produits appauvrissent les terres, détruisent la biodiversité et mettent en danger la santé des producteurs eux-mêmes. Il fallait agir. »

Et pour agir efficacement, APMR a fait le choix de partir du terrain, au plus près des premiers concernés : les producteurs eux-mêmes, souvent peu ou pas informés sur les dangers des intrants chimiques. Dès la première journée, une dynamique participative s’installe. Témoignages, échanges d’expériences, discussions franches. Le constat est sans appel : la majorité des participants n’avaient jamais entendu parler de biopesticides ni même du concept d’agroécologie , nous confie la formatrice Sylvie BONKOUNGOU

Apprendre à faire avec ce que l’on a

Fort de ce diagnostic, la formation a été construite pour être à la fois accessible et pratique. Le contenu a mis l’accent sur l’utilisation d’ingrédients disponibles localement pour produire des biopesticides efficaces et peu coûteux. Kogl-Zanga, Tuku Guili, extraits de feuilles de neem, de tabac, de papayer… Chaque formule de biopesticides enseignée repose sur les ressources que les participants peuvent facilement se procurer dans leur environnement immédiat.

« L’objectif est qu’ils soient autonomes dans le choix et la fabrication des biopesticides, sans dépendre d’un approvisionnement extérieur », souligne Mme BONKOUNGOU.

Des relais pour essaimer la pratique

Mais APMR voit plus loin que les trois jours de formation. Les bénéficiaires sont des relais, représentants de groupements de producteurs. Parmi eux, Rachidadou ZIBA, engagé et souriant, confie son ambition : « Je vais retourner chez moi et former mes collègues. Ce qu’on a appris, ce n’est pas seulement pour nos champs, c’est aussi une opportunité économique. On peut vendre ces produits naturels, générer un revenu et protéger notre santé. »

Une trentaine de producteurs ont ainsi été dotés en matériel de fabrication. Dans les regards, de l’enthousiasme, de la fierté mais aussi de la reconnaissance.

Une agriculture qui soigne la terre

En misant sur la transmission communautaire, APMR entend créer un effet boule de neige : former quelques-uns pour sensibiliser et outiller beaucoup d’autres. Et c’est avec foi que l’équipe de l’association accompagne cette transition, portée par une conviction simple mais puissante : l’agriculture peut et doit devenir un levier de protection de la nature et de valorisation des savoirs locaux.

Depuis ses débuts, APMR s’engage pour une agriculture agroécologique, centrée sur l’humain, la terre et les communautés. À Sapouy comme ailleurs, l’association trace patiemment les sillons d’une agriculture durable, enracinée dans la réalité paysanne et tournée vers l’avenir.

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